lundi 16 mars 2015

Protection des enfants : l’UNICEF interpelle le Maroc

La Convention internationale des droits de l’enfant a 25 ans. L’UNICEF publie un rapport sur la situation de l’enfance dans le monde. 15 % des enfants dans le monde travaillent, 11% des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans, violence, traitements cruels et dégradants… Le Maroc enregistre quelques avancées, mais il existe encore des défaillances: déperdition scolaire, pédophilie, exploitation sexuelle des mineurs, travail des enfants, mendicité…

A l’occasion de la célébration du 25e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) en ce 20 novembre 2014, l’UNICEF a rendu public un rapport exhaustif sur le degré d’application de cette convention dans le monde, dont plusieurs pages sont consacrées au Maroc. Dans les quatre domaines qui constituent l’essence même de la CIDE, et sur la base desquels cette évaluation a été établie, à savoir le droit à l’éducation, à la santé et la survie, à la protection et le droit à la participation, le Maroc enregistre quelques avancées, mais il reste encore quelques défaillances. Notre pays a ratifié la CIDE depuis 1993, et a installé, une année plus tard, un Observatoire national des droits de l’enfant (ONDE), instrument de suivi et de mise en œuvre de la Convention onusienne.

De même, en 2006, il a adopté à l’échelon gouvernemental un Plan d’action national pour l’enfance 2006-2015 (PANE), plan élaboré en concertation avec la société civile. La dernière initiative gouvernementale en date dans le domaine de la protection des enfants  est la nouvelle «Politique publique intégrée de protection de l’enfance au Maroc» élaborée par le ministère de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social (MFFDS), et dont les grandes lignes ont été annoncées en ce début 2014 (au même moment où se tenaient les premières Assises sur la protection de l’enfance.) Laquelle «nouvelle politique» s’est fixée six objectifs stratégiques. Le but ultime étant de «garantir à tous les enfants du Maroc une protection effective et durable contre toutes les formes de violence, d’abus, d’exploitation et de négligence».
Mais, concrètement, vingt- et-un ans après la ratification de la CIDE, qu’a fait le Maroc pour que ses enfants soient en bonne santé, pour qu’ils bénéficient d’un enseignement de qualité, pour qu’ils vivent en sécurité et pour qu’ils soient protégés contre toutes les formes de maltraitance et d’exploitation ?
Donnons d’abord un aperçu sur la situation des enfants dans le monde telle que présentée par le rapport de l’organisme onusien.
Force est de reconnaître que des progrès considérables, note l’UNICEF, ont été accomplis ces 25 dernières années. Quelques chiffres : 90 millions d’enfants seraient morts si les taux de mortalité étaient restés à leur niveau de 1990, ils ont au contraire pu vivre au-delà de 5 ans. Le nombre de décès dus à la rougeole chez les enfants de moins de 5 ans a chuté de 482 000 en 2000 à 86 000 en 2012, en grande partie grâce aux progrès de la vaccination, dont le taux est passé de 16% en 1980 à 84% en 2012. L’UNICEF enregistre aussi une chute de 37% des retards de croissance depuis 1993, les enfants mangent mieux. Même chose au niveau de la scolarité dans le primaire, et «même dans les pays les moins avancés: alors qu’en 1990, seulement 53% des enfants étaient admis à l’école, le taux atteignait 81% en 2011».

Mais l’on déchante vite en méditant bien les tableaux et les graphes préparés par l’UNICEF à l’occasion de ce 25e anniversaire de la CIDE. Voilà quelques chiffres qui interpellent encore les gouvernements dans le monde, les ONG et les institutions internationales: 6,6 millions d’enfants de moins de 5 ans sont morts en 2012, «la plupart de causes évitables, les privant de leur droit fondamental de survivre et de se développer». 15% des enfants dans le monde travaillent, «ce qui compromet leur droit à être protégés contre l’exploitation économique et porte atteinte à leur droit d’apprendre et de jouer».

Le bilan santé est jugé positif

Autre chiffre qui donne encore froid au dos : 11% des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans, «mettant en péril leurs droits à la santé, à l’éducation et à la protection». Les enfants dans le monde subissent aussi, quotidiennement, alerte l’UNICEF, des traitements cruels et dégradants, que ce soit à la maison ou à l’école, «ils sont soumis à une discipline imposée par la violence».

Nuance: sur tous ces registres, les enfants dans le monde ne sont pas logés à la même enseigne, leurs chances, remarque le rapport de l’UNICEF, «diffèrent selon que le pays est riche ou pauvre, qu’ils sont nés filles ou garçons, dans des familles fortunées ou démunies, à la campagne ou en ville, et là aussi, selon qu’ils vivent dans des zones aisées ou des quartiers défavorisés».
C’est exactement ce qui prévaut au Maroc : les droits à l’éducation, la santé, la protection et la participation de l’enfant sont fonction de son milieu social, économique  et géographique. Dans ces quatre domaines qui articulent la CIDE, quelques avancées sont enregistrées, et l’arsenal juridique encadrant tous ces droits est copieux, et va même en s’améliorant d’année en année, mais l’application sur le terrain bute sur nombre d’obstacles, tant financiers, politiques, sociaux que culturels. Les ONG des droits de l’homme, et même l’ONDE, ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur la déperdition scolaire, la pédophilie, l’exploitation sexuelle des mineurs, le travail des enfants de moins de 15 ans, celui des petites «bonnes» dans les maisons, la violence dans les écoles, les enfants de la rue et la consommation de drogues devant les établissements scolaires.

Commençons d’abord par le premier volet, celui du droit à l’éducation. On connaît le tableau, et l’UNICEF le brosse ainsi. Une percée remarquable au niveau de la première année du primaire, avec une moyenne nationale de 99,5% de taux de scolarisation. Néanmoins, cet effort au primaire n’est pas capitalisé au niveau des différents cycles. «Un taux de déperdition important est enregistré d’un cycle à l’autre, ramenant la moyenne nationale de scolarisation à 87,6% au collège et à 61,1% au lycée». S’il y a iniquité dans ce domaine, elle touche essentiellement les enfants en milieu rural, les filles notamment et les enfants en situation de vulnérabilité.
Deuxième volet, celui de la santé : l’UNICEF salue le lancement par le Maroc de plusieurs stratégies pour la santé dont la nouvelle politique 2012-2016, le plan d’action pour la santé 2012-2019, le plan d’action pour la santé de l’enfant 2012-2019, ainsi que la Stratégie nationale de nutrition 2011-2019.

Inégalités et iniquité en matière de santé entre les villes et les campagnes, les riches et les pauvres

Le bilan est jugé positif, volet santé, «d’un point de vue épidémiologique», mais des lacunes subsistent. Le taux de mortalité infantile est passé, c’est vrai, de 75,5% en 1987 à 30% en 2010, et le quotient de mortalité infanto-juvénile est passé de 104% en 1987 à 36% en 2010. De même pour la malnutrition des enfants : elle a baissé entre 2004 (18%) et 2011 (15%). Mais l’organe onusien remarque notamment des inégalités et une certaine iniquité en matière de santé entre les villes et les campagnes, tant celle de la mère que celle de l’enfant. «La mortalité infantile est plus importante que la moyenne nationale chez les pauvres en milieu rural : elle est de 45% plus élevée pour les 20% les plus pauvres, par rapport aux 20% les plus riches».

Troisième volet, la protection de l’enfance, et c’est là que le bât blesse. Beaucoup de retard à rattraper. Il n’est pas besoin de citer le rapport de l’UNICEF pour avoir une idée sur le degré de protection dont bénéficient nos enfants. La commission ministérielle de l’enfance, présidée par le chef du gouvernement, qui a préparé la nouvelle «Politique publique» courant 2013, en a fait elle-même un état des lieux. Elle constate «une évolution croissante» des phénomènes d’abus, de violence et d’exploitation des enfants: abus et violence physique, psychologique et/ou sexuel au sein des familles, des écoles, des institutions, dans la rue ; exploitation des enfants dans le travail (petites bonnes, secteur informel), dans la mendicité, dans la vente de drogues, dans la délinquance ; exploitation des enfants à des fins sexuelles dans la prostitution, le tourisme, sur Internet.

L’UNICEF, dans son rapport, en fait aussi un état des lieux.
Dernier volet de la CIDE: le droit des enfants à la participation. Sur ce plan, l’UNICEF note nombre de défaillances : faible participation des enfants et adolescents aux médias, absence d’une stratégie dans le domaine, absence de dialogue, normes sociales peu favorables à cette participation. En conséquence, souligne le rapport de l’UNICEF, «les parents n’acceptent d’aborder que de rares sujets de discussion avec leurs enfants, les sujets profonds intéressant les adolescents et enfants étant frappés d’interdiction. Cette situation laisse très peu de place aux enfants et à l’expression de leurs opinions». En conclusion, sur ce volet de la participation, le rapport reproche au Maroc «l’absence d’une approche transversale et intégrée de la participation au niveau des politiques et stratégies de participation nationale et locale», et la faible capacité de plaidoyer des associations.

La nouvelle politique de protection de l’enfance de Bassima Hakkaoui

La nouvelle «Politique publique intégrée de protection de l’enfance au Maroc» a été préparée par le ministère de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social (MFFDS) durant plus d’une année (2013), précisément par une commission ministérielle de l’enfance présidée par le chef du gouvernement. Elle est venue dans la foulée de la Constitution de 2011, l’adhésion du Maroc en 2013 au 3e protocole de la CIDE relatif à la procédure de communication, ainsi qu’à la Convention européenne de Lanzarote sur la protection des enfants contre les abus et l’exploitation sexuels. Cette nouvelle politique, avait annoncé le ministère, «vise à mettre en place un environnement protecteur durable des enfants contre toutes les formes de négligence, d’abus, de violence et d’exploitation. Elle permettra au Maroc de disposer d’un cadre de protection des enfants en conformité avec les principes et dispositions de la Constitution ainsi que des différents instruments internationaux qu’il a ratifiés». Et, in fine, elle «permettra la mise en place de systèmes intégrés de protection efficaces et aisément accessibles à tous les enfants». Elle s’est fixé six objectifs, dont l’intégration de la protection des enfants «dans toutes les politiques et programmes publics», une façon d’uniformiser le travail dans le domaine de l’enfance de tous les ministères, les administrations et les institutions (INDH, CNDH, Conseil consultatif de la famille et de l’enfance…), et une façon d’articuler cette politique aux autres politiques nationales (lutte contre la pauvreté, développement humain…) et sectorielles (justice, santé, éducation, jeunesse, travail, sécurité…).

Rapport de l’UNICEF : quelques chiffres frappants

  • 39% des personnes vivant dans des ménages ruraux au Niger ont accès à une source améliorée d’eau potable, contre 100% des ménages urbains.
  • 4% des naissances sont déclarées chez les Tanzaniens les plus pauvres contre 56% chez les plus riches.
  • Au Burkina Faso, 76% des filles et des femmes (entre 15 et 49 ans) ont subi une MGF/E (mutilations génitales féminines) mais seulement 9% sont favorables à la poursuite de cette pratique.
  • 18 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour dans le monde, à cause de manque de services à cause la pauvreté ou de la situation géographique.
  • Si 2,1 milliards de personnes supplémentaires dans le monde ont accès depuis 1990 à une eau potable améliorée, de nombreux habitants des zones rurales ne bénéficient pas de ce progrès. Ils représentent moins de la moitié de la population mondiale mais constituent 83% de ceux qui sont encore privés d’une source fiable d’eau potable.

JAOUAD MDIDECH. La Vie éco

Leila Bouasria : «Cette migration autonome va au-delà de l’aspect économique et résulte d’une multitude de facteurs»

Questions à, Leila Bouasria sociologue et coordinatrice de l’étude collective.

La Vie éco : L’idée d’émigrer vers les villes est un projet autonome, individuel, non dicté par les parents, mais les causes ont toujours été les mêmes, améliorer ses conditions de vie…

Dans cette étude collective, nous avons justement tenté de décrire les motivations et stratégies mobilisées par les migrantes durant leurs itinéraires migratoires. Les différentes données ont démontré que cette migration autonome va au-delà de l’aspect économique et résulte d’une multitude de facteurs. Certains sont, bien entendu, liés à la précarité dans les milieux d’origine, donc le projet migratoire est effectivement conçu comme une condition de survie. Nous avons repéré plusieurs événements qui fragilisent les foyers et incitent au départ comme les accidents de vie (maladie ou décès des parents, chômage), divorce ou conflits familiaux. Par ailleurs, le départ peut aussi être une stratégie de fuite d’un environnement où elles disent subir une discrimination ou une exploitation. Certaines se plaignent de l’absence de liberté associée aux normes sociales préétablies et qui se manifestent plus fortement dans des milieux communautaires d’interconnaissance. Celles qui sont célibataires ou divorcées racontent également l’expérience du stigma social et tentent de reconstruire ailleurs un nouveau statut loin des cadres figés que leur dicte une division de rôles rigide et prévisible. Il ne faut pas oublier que ces migrantes avant de partir sont aussi exposées aux modèles féminins de migration qui ont réussi ou aux médias (feuilletons, films, publicité…) qui leur renvoient des conditions de vie plus intéressantes en ville. Elles aspirent donc à tenter l’expérience urbaine et à changer de mode de vie.

On n’est plus dans la victimisation, mais dans la construction d’une individualité, quand même, ces femmes sont en quelque sorte victimes d’une société machiste… Sans dire que l’individualité dans la société marocaine a du mal à s’affirmer…

Nous avons effectivement beaucoup discuté au sein du groupe de cette question d’autonomie face à la précarité. Nous précisons justement qu’éviter la victimisation ne veut pas dire faire l’impasse sur les conditions sociales/économiques précaires dont souffrent ces migrantes mais il s’agit d’éviter d’analyser les données à partir d’une grille de lecture misérabiliste qui réduit leur vie à ces difficultés en occultant leurs capacités de résistance. Tous les membres de notre équipe, à travers leurs analyses, tentent de faire ressortir les luttes quotidiennes et les compétences de ces femmes. Ces migrantes une fois à Casablanca, sont propulsées dans des réseaux extra-familiaux, ce qui contribue à la construction de leur autonomie. Elles cherchent, en mobilisant plusieurs ressources et stratégies, à créer les moyens de leur insertion sociale (trouver un travail, un logement, gérer l’habitat collectif avec tous les problèmes qu’on analyse dans cette étude…), elles doivent en quelque sorte s’assumer, se débrouiller. La ville est le lieu par excellence où se déploient justement ces savoir-circuler et ces subjectivités.

Il n’est nullement fait état dans l’étude de la prostitution de ces filles, pourtant ces émigrantes sont nombreuses à le faire, ne serait-ce que pour arrondir leur fin de mois…, est-ce la honte qui les empêche d’en parler ?

Certaines en parlent dans leurs entretiens, d’autres ne le font pas justement parce qu’elles ont peur d’être jugées, mais beaucoup de migrantes ne se retrouvent tout simplement pas dans ce genre de situation. Et là je veux m’arrêter sur un point très important. Il s’agit de distinguer entre les représentations que les gens se font de cette migration autonome et la réalité. Souvent pour les gens du douar, la fille qui a migré (kherjate/ sans oublier que le «khrouj» a justement une connotation de prostitution) voit sa réputation ternir et ses projets de mariage compromis justement à cause de cette association entre le départ (seule) et la débauche ou la déviance.
D’ailleurs, il y a des termes qui qualifient les migrantes et qui sont de connotation péjorative comme ‘hariba/hergaouiya/mouhajira’ qui laissent entendre qu’elles sont en position de fuite ou de clandestinité, qu’elles partent pour cacher quelque chose et faire ce qu’elles veulent loin du contrôle des siens. Beaucoup sont tout simplement à Casablanca pour travailler, chercher à améliorer leurs situations ou vivre une vie meilleure. Si on associe à chaque fois la migration des femmes seules à la prostitution, nous risquons de reproduire les dispositions traditionnelles relatives à la mobilité des femmes.

JAOUAD MDIDECH. La Vie éco

L’expérience d’une Académie régionale d’éducation racontée par son directeur

Etablissements publics dotés de la personnalité juridique, les Académies régionales d’éducation et de formation ont-elles pu, 12 ans après la nomination de leurs directeurs, assumer cette autonomie ?

C’est le gouvernement qui trace les grandes lignes de sa politique éducative et les décline sous forme de projets, ce sont les Académies régionales d’éducation et de formation (AREF) qui sont chargées de leur mise en œuvre au niveau local. Cela s’appelle décentralisation-déconcentration des pouvoirs. C’est en 2000 qu’un dahir a fixé le nouveau statut juridique de ces académies, il les a érigées en établissements publics dotés de la personnalité juridique et de l’autonomie financière, et les a chargées de «la mise en œuvre de la politique éducative et de la formation, compte tenu des priorités et des objectifs nationaux établis par l’autorité de tutelle». Mais que sait-on exactement de cette expérience des AREF, voilà 12 ans que leurs 16 directeurs (correspondant aux 16 régions du pays) ont été nommés ? Ces derniers ont-ils pu assumer en toute autonomie, comme le stipulent les textes juridiques, la gestion régionale de la politique d’éducation et de formation dictée par l’Etat au niveau central? Tijania Fertat, la directrice de l’AREF de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (RSZZ), vient de livrer son témoignage dans un livre intitulé «Pour une décentralisation éducative»*, sur les dix ans qu’elle a passés à la tête de cette AREF, l’une des plus importantes du Royaume. Cette académie c’est en effet un demi-million d’élèves,

20 000 fonctionnaires, 650 établissements d’enseignement public, 383 établissements privés.

Un budget qui a atteint en 2008-2009, grâce au renflouement du plan d’urgence, plus de 630 MDH. C’est dire que la tâche n’était pas aisée pour elle, et l’auteur de reconnaître d’emblée dans l’introduction à ce travail que l’exercice de cette autonomie n’a pas été de tout repos.

Que tout dépend de la personnalité du directeur de l’Académie, mais aussi de la volonté du centre à Rabat, à savoir le ministère de tutelle, de laisser exercer ou non cette autonomie : son espace «s’élargissait, rétrécissait ou disparaissait selon les décideurs politiques et selon la vision et la capacité du directeur à tracer les limites de cette autonomie», annonce sans détour l’auteur (voir entretien). Armée d’une riche expérience en tant qu’inspectrice de philosophie, mais aussi de son passage à la tête de la délégation de Moulay Rachid-Sidi Othmane à Casablanca, la directrice de l’Académie de Rabat et région a fait siennes deux devises dans la gestion de cet établissement public : un travail d’équipe avec ses collègues, et le partage de sa vision avec ses collaborateurs pour une meilleure approche des problèmes.

L’enseignant est le pivot du système éducatif, sa formation et son recyclage sont indispensables

Cette autonomie de gestion en équipe a démarré pour elle d’abord au niveau de ce qu’elle a appelé la «rationalisation» des ressources financières de l’Académie. Non sans succès. A commencer par la consommation de l’eau et de l’électricité. Chiffres et tableaux à l’appui, Mme Fertat se félicite que la dette de la REDAL, grâce à un système de vérification informatique qu’elle a installé et qui élimine des anomalies et des chevauchements, a substantiellement baissé durant son mandat de dix ans. Elle est passée de 43 à 23 MDH.

Toujours dans la même logique de rationalisation des ressources, la directrice de l’Académie a opté pour certains travaux, comme ceux d’étanchéité des établissements, pour le marché au rabais comme mode d’appel d’offres. Les gains étaient intéressants.

La gestion d’une AREF ne doit pas, en principe, et selon le principe de l’autonomie régionale, être à la charge exclusivement du seul ministère de l’éducation nationale (MEN). Si son directeur peut tisser des liens de partenariat avec le monde économique et les agences de développement et gagner quelques centaines de milliers de dirhams, personne ne l’en empêche, de par même son statut. Autant d’ailleurs que le président d’une université. C’est ce qu’a essayé (comme elle le raconte) Mme Fertat, en sauvant du délabrement quelques établissements scolaires, après avoir mené une campagne de sensibilisation sur le sujet, autour de photos «choquantes» d’établissements, jugés dans un état de «délabrement avancé». Pour ce faire, la directrice a signé des conventions avec la préfecture et la municipalité de Salé, mais aussi avec l’ADS pour le branchement de 36 écoles à Salé, avec un budget de 1,8 MDH. «Suite à cette convention, l’ADS a créé un fonds d’aide pour l’AREF, dont l’objectif était la réhabilitation des espaces scolaires», se félicite la directrice. En 2008, ajoute-t-elle, grâce à ces partenariats, «la situation des établissements fut améliorée, mais le besoin en réhabilitation était grand, et nécessitait des moyens financiers énormes». Ces moyens, le plan d’urgence décrété sous Ahmed Akhchichine, une année plus tard, va les apporter. De près de 181 MDH en 2006-2007, le budget de l’AREF de RSZZ est passé à plus de 632 MDH en 2008-2009. Ce qui lui a permis le renouvellement du mobilier de bureau des établissements scolaires. Mais pas de n’importe quelle manière, elle l’a fait de sorte qu’il soit plus esthétique pour apporter de la gaité dans les classes. Un produit plus résistant, et de fabrication marocaine pour réduire la facture. «Le tableau que l’école a toujours utilisé, en contreplaqué, est fragile et ne résiste pas aux aléas du temps ni au vandalisme. Les arrières cours regorgent de tableaux détériorés et inutilisables», se désole la directrice.

Une autre initiative de la directrice de cette Académie, qui dénote elle aussi d’une volonté d’innovation et d’autonomie pour tout le bien de l’école publique marocaine: le développement de partenariats, non seulement avec des organismes marocains, mais aussi étrangers. Pour améliorer la qualité de la vie scolaire et encourager de l’animation, l’Académie a lancé un ambitieux projet de création au sein de chaque établissement scolaire d’un «Centre d’animation, de documentation et d’information pédagogique (CADIP)». Des lieux de consultation documentaire, mais aussi d’animation et de formation à la recherche documentaire. Il fallait donc des professeurs-animateurs formés à cette tâche, capables d’animer diverses activités. Grâce à la coopération inter-académique qui la lie à l’Académie de Lyon, l’Académie de Rabat et région a envoyé en France, en 2009, un groupe de professeurs pour des visites d’étude et de stage. La courtoisie est rendue, puisque des professeurs de Lyon ont été invités à animer des sessions de formation à Rabat. Dans quatre sphères d’activité : le pédagogique, l’éducatif, le culturel et le social.

En faisant cela, la directrice est consciente que l’apprenant, dans n’importe quel domaine, fût-ce celui de l’animation culturelle, est au centre du système éducatif. Pour elle, et l’expérience du plan d’urgence l’a démontré, les seuls moyens financiers ne suffisent pas pour améliorer la qualité de l’école publique marocaine.

En conclusion au chapitre qu’elle a consacré à ce plan d’urgence dans son livre-bilan-témoignage, elle considère que l’élément humain est le pivot de tout le processus de formation, et sa «mise à niveau préalable, à même de supporter et de conduire toute réforme», est fondamentale. Au-delà de l’autonomie des AREF, elle appelle ainsi à une «habilitation à la fois professionnelle et éthique des agents de la réforme que sont les gestionnaires et les enseignants». En cela, Mme Fertat rejoint l’appel du Conseil supérieur de l’enseignement et de l’actuel ministre de l’éducation nationale. Les deux appellent à la formation et au recyclage de l’enseignant, pour qu’il devienne un vrai éducateur, un vrai pédagogue.

Editions Hammouch, 260 pages,
préface de Abdellah Saâf

mercredi 4 mars 2015

La police a confisqué mon permis de conduire

En empruntant un sens interdit, j’ai heurté légèrement un piéton qui est resté allongé par terre, alors qu’il n’avait pratiquement rien. Il n’y avait aucun tableau signalant l’interdiction. C’est après coup que l’on m’a informé qu’il avait été arraché. La police m’a tout de même retiré mon permis de conduire et jusqu’à présent, il ne m’a pas été restitué. Je n’ai aucune information sur ce dossier et, plus inquiétant, je n’ai plus revu le policier qui a fait le constat. Que devrais-je faire ? Le permis est un document important pour moi puisque je suis un commercial de profession et que je ne peux pas exercer mon métier sans ce permis.

L’assureur refuse d’indemniser un sinistre

Je suis couvert par une compagnie d’assurance et ce pendant plus de cinq ans, aucun sinistre n’avait été enregistré à mon compte. Je vous saisis pour deux petites questions. La première, c’est qu’à la souscription de mon contrat automobile, j’ai payé une prime pour trois garanties : la responsabilité civile, la défense et recours et la garantie dite tout risque. Entre temps, j’ai dû vendre ma voiture pour en acheter une autre, et j’ai demandé à la compagnie de procéder au transfert de mon assurance sur ma nouvelle voiture. Seulement, on a oublié de me souscrire le contrat tout risque. Omission à laquelle je n’ai pas non plus fait attention. Quand j’ai eu un accident, mon assureur a rejeté la facture et refusé de m’indemniser sous prétexte que je ne suis pas couvert. Que devrais-je faire ? Ma deuxième question est de savoir si le bonus de 10% sur la prime d’assurance n’est pas accordé pour chaque année au cours de laquelle je n’ai pas enregistré un accident.