lundi 1 février 2016

Société Anonyme : Les principaux amendements de la loi n° 78-12

Le dahir n° 1-15-106 du 29 juillet 2015 portant promulgation de la loi n° 78-12 modifiant et complétant la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes est publié dans l’édition générale du B.O n° 6390 du 18 août 2015 et à l’édition de traduction officielle du 21 janvier 2016. Ce dahir apporte plusieurs amendements à la société anonyme. voici le détail de ces amendements :

  • Les mentions obligatoires des statuts 

La nouvelle loi a introduit une modification à l’article 12 relatif aux mentions obligatoires des statuts de la société en édictant une meilleure information sur les droits afférents aux différents catégories d’actions, l’objectif de cet amendement est de porter une meilleure information des actionnaires et des tiers, en particulier lorsque la société émet des actions présentant des particularismes susceptibles d’influer sur le fonctionnement des assemblées générales (actions à droit de vote multiple ou actions à dividende prioritaire sans droit de vote, etc.). Ainsi la rédaction de l’article 12 devient comme suit:

Outre les mentions énumérées à l’article 2 …, les statuts de la société doivent contenir les mentions suivantes:

1) le nombre d’actions émises et leur valeur nominale, en distinguant, le cas échéant, les différentes catégories d’actions créées et les droits afférents à chacune de ces catégories.

J’ai mis l’ajout apporté par la  nouvelle loi n°78-12

2) (La suite demeure inchangée).

  • Retrait de fonds

La simplification de la procédure de retrait des fonds provenant des souscriptions en numéraire  en permettant au mandataire du conseil d’administration ou du directoire de retirer les fonds par la simple remise d’une attestation justifiant que la société a été immatriculée au registre du commerce. Ainsi l’article  34 est dressé comme suit:

Le retrait des fonds provenant des souscriptions  en numéraire est effectué par le mandataire du conseil d’administration ou du directoire contre remise d’une attestation délivrée par l’administration compétente justifiant que la société est immatricule au registre du commerce.
  • Dépôt des états de synthèses en ligne :

Afin d’alléger le formalisme de dépôt des états de synthèses et du rapport du CAC au greffe du tribunal, la nouvelle loi a dématérialisé la procédure pour permettre le dépôt en ligne. Ainsi l’article 158 se lit comme suit:

Deux exemplaires des états de synthèse accompagnés d’une copie du rapport du ou des CAC doivent être déposés au greffe du tribunal, dans un délai de 2 MOIS à compter de la date de leur approbation par l’AG.

Ce dépôt peut être effectué par voie électronique dans les conditions fixées par voie réglementaire.

A défaut, tout intéressé peut demander au président du tribunal, statuant en référé,

d’ordonner à la société, sous astreinte, de procéder audit dépôt.

  • Le cadre juridique des conventions réglementées 

Les modifications ont touché les articles 56 et 95 concernant le dispositif relatif à l’autorisation des conventions par le conseil d’administration ou de surveillance, (voir notre billet sur les conventions réglementée à la lumière de la loi n° 78-12)

Pour la protection des actionnaires minoritaires, l’introduction d’une information sur les conventions portant sur des opérations courantes  a imposé également la refonte des articles 57, 141 alinéa 8 et 58

  • En cas d’empêchement temporaire ou décès du président du C.A

Selon la nouvelle rédaction de l’article 90, « en cas d’empêchement temporaire ou décès du président, le conseil de surveillance peut déléguer un de ses membres pour exercer les fonctions du président.

En cas d’empêchement temporaire cette délégation est donnée pour une durée limitée, renouvelable. En cas décès, ladite délégation demeure valable jusqu’à l’élection d’un nouveau président ».

  • La nomination d’un vice-président du conseil de surveillance devient facultative:

Selon l’ancienne rédaction de l’article 90 «Le conseil de surveillance élit en son sein un président et un vice-président qui sont chargés… » La loi n° 78-12 a modifié ledit article comme suit «Le conseil de surveillance élit en son sein un président, le cas échéant, un vice-président qui sont chargés de convoquer .. ».

  • Le directoire a le droit de convoquer l’AG :

La refonte de l’article 106 est allée dans le sens de renforcer les pouvoirs du directoire.

  • L’institution d’un comité d’audit pour les sociétés dont les actions sont inscrites à la cote de la bourse des valeurs:

L’ajout de l’article 106 bis qui impose l’institution d’un comité d’audit qui sera chargé du:

a)suivi de l’élaboration de l’information destinée aux actionnaires, au public et au «conseil déontologique des valeurs mobilières.

b)suivi de l’efficacité des systèmes de contrôle interne, d’audit interne et, le cas « échéant, de gestion des risques de la société.

c)suivi du contrôle légal des comptes sociaux et consolidés.

d)suivi et l’examen de l’indépendance des commissaires aux comptes, en « particulier pour ce qui concerne la fourniture de services complémentaires à l’entité « contrôlée.

  • L’avis de réunion par voie électronique :

C’est l’article 121 bis qui prévoit que l’avis de réunion peut ne pas comprendre les informations énumérées au 1er alinéa du même article lorsque ces informations sont publiées sur le site Internet de la société, au plus tard, le jour même de la publication le l’avis de la réunion. l’objectif étant de simplifier les procédures de convocation des assemblées.

  • L’information lors des fusions ou de scissions :

L’amendement de l’article 222 permettra aux actionnaires d’être informés le plus clairement possible sur les motifs, les modalités et les conséquences des opérations de fusions ou scissions, pour se prononcer en connaissance de cause lors des assemblées générales extraordinaires appelées à approuver les apports ou les fusions. L’article 222 est complété comme suit:

« Lorsqu’ une ou plusieurs sociétés dont les titres de capital sont cotés à la bourse des valeurs font partie de l’une des opérations visées au présent article, l’une desdites opérations ne peut être décidée, sous peine de nullité, que sur la base d’un document d’information élaboré et visé par l’autorité marocaine du marché des capitaux, et publié dans les conditions et les formes requises par la loi n 44-12 relative à l’appel public à l’épargne et aux informations exigées des personnes morales et organismes faisant appel public à l’épargne ».

Dans la même lignée, l’article 226 bis impose la vérification de la parité d’échange des titres de l’absorbée par ceux de l’absorbante aux fusions et scissions entre toutes formes de sociétés et non seulement entre les sociétés anonymes.

  • Le cadre juridique de l’achat par une société cotée de ses propres actions 
ArticleLa rédaction avant la loi 78-12La nouvelle rédaction
281Par dérogation aux dispositions du paragraphe 1) de l’article 280, les sociétés

dont les titres sont inscrits à la cote de la bourse des valeurs peuvent acheter en bourse

leurs propres actions, en vue de régulariser le marché.

Par dérogation aux dispositions du paragraphe 1) de l’article 280, les sociétés

dont les titres sont inscrits à la cote de la bourse des valeurs peuvent acheter en bourse

leurs propres actions, en vue de favoriser la liquidité du marché desdites actions, ou de les céder, à titre onéreux ou à titre gratuit, aux salariés ou aux dirigeants de la société..

Ainsi, la notion de régularisation du marché est substituée par le fait « d’assurer l’animation du marché telle que requise par les dispositions de l’article 14 de la loi relative à la bourse des valeurs.

Blog de Droit Marocain

Simplifiez-vous la veille

dimanche 10 janvier 2016

Comment ne pas se faire spolier ses biens fonciers ?

Malheureusement, il n’existe pas une méthode pour être sûr complètement et définitivement sûr de ne pas être victime de spoliation foncière ! 
Des terrains vendus à l’insu de leurs propriétaires, c’est inacceptable et c’est honteux de ne pas blâmer l’Agence Nationale de la Conservation Foncière, du Cadastre et de la Cartographie (ANCFCC) qui est supposée être un partenaire de la justice dans le domaine de la sécurité et de la gestion foncières.
La mise en garde contre les prédateurs de biens immobilier, lancée durant l’été 2014 est toujours valable, le nombre des victimes de spoliation des biens immobiliers est important dans le royaume. Le dernier communiqué du département du ministère de justice qui date du 29 décembre 2015, a livré une liste des recommandations tendant à faire face à l’appropriation illégale de bien fonciers. Les recommandations concernent principalement, l’amendement de l’article 4 de la loi n° 39-08 portant code des droits réels (entré en vigueur fin mai 2012) pour introduire la « procuration sous sa forme authentique », la mise en place d’un registre national des procurations, legs et testaments pour centraliser les données liées aux transactions immobilières. Le parquet devrait également participer pour éradiquer le problème en prenant partie à tout litige civil ayant trait au sujet de spoliation immobilière.
En attendant, la concrétisation des dernières recommandations par la mise en place des mesures efficaces. L’obtention d’un certificat de propriété régulièrement permettra de vérifier si l’état du bien auprès de la Conservation foncière n’a pas été modifié et ainsi s’assurer que le bien est toujours en possession de son détenteur.
  • Comment obtenir un certificat sur titre foncier ?
Toute personne (propriétaire ou non propriétaire) peut obtenir les renseignements consignés aux livres fonciers et dans les archives de la conservation, moyennant le paiement des droits réglementaires de recherche et copie.
A cet effet, le propriétaire d’un bien immobilier peut présenter au conservateur de la propriété foncière une réquisition tendant à la délivrance suivant le cas :
  • d’un certificat constatant la concordance d’un titre foncier et du duplicata dudit titre;
  • de la copie d’un titre foncier et des mentions y consignées ou des seules mentions  spécialement désignées dans la réquisition des intéressés;
  • d’un certificat de non inscription;
  • de la copie authentique, faisant foi en justice, de tous actes ou autres documents  déposés au dossier d’un immeuble immatriculé;
  • de la copie ou extrait de plans intéressant les propriétés immatriculées déposés dans les archives fonciers.

Notons enfin, la possibilité de consulter les registres de conservation foncière par voie électronique figure parmi les dernières recommandations.

Blog de Droit Marocain

Simplifiez-vous la veille

MRE : Dédouanement d'un véhicule selon la L.F 2016

Le régime fiscal en faveur des marocains résidents à l’étranger relatif au dédouanement d’un véhicule est institué par la loi de finances 2013 et amendé par la nouvelle loi de finances de 2016.

Le dédouanement avec bénéfice d’un abattement de 90% est accordé en dérogation aux dispositions du code des douanes et impôts indirects aux marocains résidents à l’étranger.

Le taux de l’abattement indiqué est consenti dans la limite d’une valeur à l’état neuf de la voiture de 300.000 dirhams. La tranche supérieure à ce seuil est soumise au paiement des droits et taxes normalement exigibles.

L’octroi de l’abattement est subordonné au respect des conditions suivantes:

  • Le MRE bénéficiaire doit être âgé de 60 ans et plus (L’abattement de 90% ne peut être accordé aux personnes installées définitivement au Maroc).
  • Le MRE bénéficiaire doit avoir effectivement séjourné à l’étranger pendant au moins 10 ans (Cet avantage est réservé uniquement aux véhicules de tourisme, équipée d’un moteur essence, diesel ou de technologie hybride, conçue pour le transport de neuf personnes ou moins chauffeur inclus, (le nombre de place est celui indiqué sur la carte grise), et autorisée pour la circulation sur la voie publique.

– Exclusion : Les autres véhicules tels que les motocycles, les quads, les véhicules de kart-cross et similaires ainsi que les véhicules utilitaires, les véhicules à usage mixte, les camping-cars, les camionnettes, les pick-up, les véhicules double cabines sont exclus.

  • Avantage limité à un seul véhicule dans la vie du bénéficiaire.
  • La taxation est calculée sur la base d’une valeur estimée, à l’état neuf, selon la marque, le modèle et les spécifications du véhicule considéré et ce, à hauteur maximale de 300 000 Dhs. La tranche supérieure à cette valeur sera soumise au paiement des droits et taxes exigibles dans le cadre du droit commun.
  • Non cumul du bénéfice de l’abattement de 90% avec le bénéfice du « vieillissement » prévu pour les cas de dédouanement dans le cadre d’un retour définitif.
  • Non cumul du bénéfice de l’abattement de 90% avec les avantages prévus par les accords tarifaires ou de libre échange conclus par le Maroc.
  • Non cumul du bénéfice de l’abattement de 90% avec les avantages accordés aux diplomates marocains etassimilés rappelés à l’Administration Centrale.

Notons enfin, cette avantage de faveur est accordé une seule fois dans la vie du bénéficiaire. Le véhicule dédouané au bénéficie de l’avantage ne peut être ni vendu, ni cédé pendant 5 ans. Cette condition est levée en cas de décès du bénéficiaire.

Blog de Droit Marocain

Simplifiez-vous la veille

L' Identifiant Commun de l'Entreprise, obligatoire depuis le 1er juillet 2016

Obligatoire depuis le 1er juillet 2016
Dans l’objectif de permettre aux entreprises d’accomplir les démarches nécessaires pour récupérer leur ICE, il a été décidé d’accorder un délai supplémentaire allant jusqu’au 30 juin 2016 pour se conformer à la nouvelle obligation. 

Réf.  Une note circulaire, publiée par DGI le 14 janvier 2016, relative à la date d’effet de la mention obligatoire de l’Identifiant Commun de l’Entreprise (ICE) sur les factures

  • ICE ! Qu’est ce que c’est ?
L’ICE ou l’Identifiant Commun de l’Entreprise est un code qui identifie l’entreprise d’une façon distinctive et uniforme par toutes les administrations (Tribunal de commerce, CNSS, OMPIC, direction des impôts …), composé de 15 chiffres, il vient de s’ajouter aux autres identifiants légaux notamment l’identifiant fiscal (IF), le numéro de RC et le numéro d’affiliation CNSS. Toutefois, l’ICE ne remplace pas ces identifiants qui restent obligatoires.
  • Les entreprises concernées :
L’ICE concerne les entreprises personnes morales et leurs succursales ainsi que les personnes physiques.
  • Comment récupérer mon ICE ?
Quelle que soit la forme de votre entreprise, personne morale ou physique, il suffit de se rendre sur le site web www. ice. gov. ma /  ICE et saisir quelques informations, (nous avons constaté que 2 jours après la date que nous avons publié ce billet, l’interface du site a changé et il n’est plus possible de faire une recherche avec seulement le nom et prénom). Pour une personne physique, il faut saisir l’un des informations suivantes: : CNI/ Passeport/ Carte de séjour/. Ainsi que le code de vérification indiqué sur la page (respecter les majuscules). La modification qui a touché le site vise à éviter les ratés constatées durant les premiers jours de sa mise en ligne. Les informations demandées vous distingue des autres inscrits au RC comme le numéro de la CIN. Pour les personnes morales, saisir le numéro RC est la meilleure façon pour récupérer son ICE.
  • Est-il obligatoire de mettre son ICE sur ses factures et ses déclarations fiscales?
Selon la nouvelle loi de finances (2016), il devient obligatoire de faire indication à l’ICE à partir du 1er janvier 2016. Toutefois, il a été décidé de reporter la date au 1er juillet 2016.
La nouvelle obligation ne dispense pas d’indiquer les autres identifiants (IF et TP…).
Notons bien que la loi de finances 2016 a imposé cette nouvelle obligation aux contribuables, la DGI n’a pas encore adapté ses formulaires fiscaux avec l’ ICE. (voir réf. de la note circulaire du 14 janvier 2016)
  • L’impact fiscal en cas de non respect de la nouvelle obligation 
L’impact concerne la déduction fiscale des charges, les personnes physiques ou morales devront indiquer leurs ICE afin qu’ils puissent en bénéficier pour les factures ultérieur du 30 juin 2016.
  • Référence:
– Loi de Finances 2016 : art. 145-VIII du Code général des impôts qui dispose: «Les contribuables sont tenus de mentionner l’identifiant commun de l’entreprise sur les factures ou les documents tenant lieu qu’ils délivrent à leurs clients ainsi que sur toutes les déclarations fiscales prévues par le présent code».
– Décret n° 2-11-63 du 16 joumada II 1432 portant création de l’identifiant commun de l’entreprise. (B.O. n° 5952 du 16 juin 2011).
Blog de Droit Marocain
Simplifiez-vous la veille

Les contrats à durée déterminée (CDD) dans la fonction publique:

L’administration veut avoir recours au CDD comme en droit commun;
Selon l’article 6 bis du dahir n° 1-58-008 du 24 février 1958 portant statut Général de la fonction publique, tel qu’il a été modifié et complété par la loi n° 50-05 du 18 février 2011, les administrations publiques peuvent recruter par contrats des agents, dans les conditions et les modalités fixées par un décret. Ce dernier devra fixer les conditions de recrutement et les droits et obligations des deux parties et introduire, pour la première fois, la contractualisation dans la fonction publique. La finalisation de ce texte est en cours ce janvier 2016. Deux types de contrats seront proposés comme suit : 
– Type 1 : 
  • La contractualisation fonctionnelle : 
Ce type de contrat a pour objectif la réalisation des projets ou des études et sur la prestation de services de consulting et d’expertise pour assurer les missions de conseil et de pilotage des études et des projets structurels. Selon, la première mouture du décret, seuls les candidats de hautes compétences qui justifient d’une expérience professionnelle d’au moins 10 ans peuvent en bénéficier.
– La durée : ce type de contrat est d’une durée maximale de deux ans, renouvelable une seule fois.
Processus de recrutement : Un entretien oral mené par une commission composée de trois membres sélectionnera les profils recherchés. Aucun concours par écrit ne serait exigé.
– Rémunération : Le texte du décret fixe actuellement une indemnité forfaitaire de 50.000 dhs.
– Type 2 : 
  • La contractualisation pour l’exécution de certaines tâches de manière temporaire : 
Ce type de contrat a pour objet de combler temporairement le vide au niveau de certains postes pour répondre aux besoins des usagers du service public lorsque un poste est vacant à cause d’un congé de maternité, invalidité ou tout autres raison d’absence de longue durée concernant l’un ou l’une des titulaires de la fonction publique.
La durée:  contrairement au premier type de contrat, la durée n’est pas fixée par une durée comme il est le cas pour le premier type de contrat, ce contrat pourrait être d’une durée plus longue, mais il ne peut être renouvelé qu’une seule fois.
Notons enfin que les contractuels devront se soumettre également aux conditions de candidature fixées par le statut général de la fonction publique et le nombre de ces contractuels devrait être limité à 12 pour chaque administration.
Blog de Droit Marocain
Simplifiez-vous la veille